Suppression des suppléments d’honoraires : Unessa chiffre la perte à 122 millions pour les hôpitaux
La limitation des suppléments d’honoraires à 125 % en chambre particulière, voulue par le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, pourrait coûter 122 millions d’euros au secteur hospitalier belge. C’est la conclusion d’une nouvelle analyse réalisée par Unessa, sur base des dernières données disponibles et d’une actualisation méthodologique.
Laurent Zanella

Dans une déclaration parue dans Le Soir, Frank Vandenbroucke a laissé entendre qu’il pourrait revoir son avant-projet de loi si le secteur parvenait à démontrer, « chiffres à l’appui », l’impact économique des mesures proposées : « Si des médecins ou des hôpitaux peuvent démontrer que certaines pratiques sont indispensables à leur viabilité, alors je suis prêt à revoir la copie. »
Prenant le ministre au mot, Unessa a affiné une première estimation qui faisait état d’un manque à gagner d’au moins 96 millions d’euros. En intégrant l’indexation et l’évolution attendue des volumes de prestations pour les années 2024 et 2025 (via la norme de croissance), les projections actualisées montent à près de 122 millions d’euros de pertes cumulées pour les hôpitaux généraux du pays : 39,7 millions d’euros en Flandre, 40,5 millions en Wallonie et 41,7 millions à Bruxelles.
« Ces chiffres ne tiennent même pas compte de l’effet de la limitation à 25 % des suppléments d’honoraires pour les prestations ambulatoires, également prévue dans l’avant-projet de loi », précise Unessa.
Une viabilité en jeu
Unessa insiste : les suppléments d’honoraires, dans leur configuration actuelle, sont essentiels à la viabilité financière des hôpitaux, en particulier dans un contexte de sous-financement chronique et de hausse continue des coûts. « Les effets de leur limitation ne seront pas compensés si l’avant-projet passe en l’état », avertit l’organisation.
Au-delà des chiffres, Unessa pointe un problème de méthode. Selon la fédération hospitalière, le gouvernement n’a pas engagé de concertation réelle avec le secteur, et pose aujourd’hui un ultimatum : les données doivent être transmises pour le 3 juillet, délai jugé irréaliste par les fédérations hospitalières.
« C’est une vision technocratique, centralisée et dogmatique qui s’impose, en méconnaissance totale du terrain hospitalier », déplore Unessa. L’organisation dénonce une approche où les spécificités régionales et institutionnelles sont niées, au profit d’un modèle standardisé et budgétairement contraint.
Unessa s’interroge également sur l’efficacité des travaux d’expertise confiés par le ministre à des équipes universitaires, dont les résultats se font toujours attendre après plusieurs années.