
Le Cartel également vent debout contre la limitation des suppléments d’honoraires
Les syndicats de médecins réagissent avec irritation aux projets du ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke (Vooruit) visant à limiter les suppléments d’honoraires des médecins non conventionnés. « Si aucune marge de négociation n’est laissée, cela pourrait bien entraîner une réaction vigoureuse », prévient Thomas Gevaert, président du Cartel.
Conformément à l’accord de gouvernement fédéral, un alignement des « pourcentages maximaux des suppléments d’honoraires dans les hôpitaux » doit être réalisé au cours de la législature actuelle. Vandenbroucke ne chôme pas sur ce dossier : il a annoncé vendredi notamment l’introduction d’un plafond maximal pour les suppléments facturés par les médecins déconventionnés. Le partenaire de coalition N-VA avait déjà exprimé sa surprise face à ces projets, soulignant que le texte de loi n’avait pas encore été « validé ».
Les médecins, quant à eux, dénoncent avant tout l’absence de concertation préalable. « Le ministre prétendra sans doute qu’il y a eu une concertation, mais il nous a simplement présenté un projet déjà ficelé », affirme Gevaert. Il s’interroge désormais sur la possibilité d’une négociation « adulte » autour de cette proposition. « Si ce n’est pas possible, cela pourrait bien déclencher une réaction forte du secteur des soins », prévient-il. Une grève n’est selon lui « jamais exclue ».
Eviter l'escalade
Gevaert insiste : il n’est pas trop tard pour éviter une escalade. Il comprend que les promesses de l’accord gouvernemental doivent être concrétisées. Mais selon lui, la plupart des médecins ont interprété le passage concerné différemment. « L’accord de gouvernement vise surtout à éliminer les suppléments excessifs, pas à les restreindre au point de compromettre le financement des soins. Il ne faut pas oublier que les hôpitaux dépendent en partie de financements privés », explique-t-il.
En plus de cette limitation des suppléments d’honoraires, le ministre prépare d’autres mesures dans une note disponible depuis lundi soir et que le journal du Médecin a pu se procurer. Ainsi, certaines primes liées à l’organisation de la pratique médicale ne seraient plus octroyées qu’aux médecins conventionnés. Vandenbroucke souhaite aussi dissocier les rémunérations pour les soins proprement dits de celles couvrant les frais de fonctionnement des prestataires, en limitant les suppléments à la première catégorie. Les hôpitaux seraient alors directement financés pour leurs frais de fonctionnement.
« Encore une fois : je comprends qu’il faille faire des économies », reconnaît Gevaert. « Mais si vous limitez tous les moyens pour les prestataires d’obtenir un revenu complémentaire, l’équation deviendra tout simplement intenable. »