Unessa: "Nous exigeons d’être traités comme des partenaires à part entière, et non comme des spectateurs passifs »
Alors que l’Absym a lancé un préavis de grève pour le 7 juillet, dénonçant l’avant-projet de loi Vandenbroucke, Unessa refuse à son tour de « faire de la figuration » dans une concertation qu’elle juge vidée de sens.

À quelques jours de la mobilisation syndicale nationale du 25 juin, le ton monte dans le secteur des soins. Après plusieurs semaines de tension autour de l’avant-projet de loi du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, l’Absym a officialisé un préavis de grève pour le 7 juillet. De leur côté, le GBO/Cartel et l’AADM n’envisagent pas pour l’heure de rejoindre le mouvement, préférant « laisser une chance » à la concertation.
Problème : côté institutions, la confiance est elle aussi sérieusement ébranlée. Dans un communiqué virulent, Unessa dénonce une concertation « réduite à peau de chagrin » et un gouvernement « qui se bouche les oreilles ». Le Dr Philippe Devos, directeur général de la fédération, ne mâche pas ses mots : « Les soi-disant moments de ‘concertation’ servent à légitimer des choix déjà arrêtés. Au mieux, on nous laisse quelques aménagements à la marge ; au pire, nous assistons à une simple séance d’information. »

L'avant-projet de loi dans le viseur
L’avant-projet de loi cristallise toutes les crispations. Pas tant sur les objectifs, mais plutôt sur la méthode. Unessa fustige une réforme « à marche forcée, sans évaluation d’impact, sans anticipation des effets collatéraux et surtout, sans véritable dialogue ».
Philippe Devos prévient : à force de viser l’accessibilité financière « à tout prix », le ministre risque selon lui de produire l’effet inverse : « En voulant rendre les soins plus abordables, on risque de fragiliser financièrement les hôpitaux et de reporter la pression sur d’autres postes ou sur les patients d’une autre manière .»
Les trois piliers pour reconstruire la confiance
Face à cette gouvernance jugée « verticale », Unessa rappelle ses trois conditions pour une concertation efficace :
- Une approche globale, qui tienne compte de toutes les composantes du système de santé ;
- Une logique séquentielle, avec des étapes évaluées et ajustées en fonction des réalités ;
- Une méthode ouverte, qui implique toutes les parties dès le départ, pas une fois le train lancé.
Pour la fédération, ignorer ces trois piliers revient à multiplier les réformes techniques mal comprises et mal ancrées dans le terrain, au risque de devoir les corriger en urgence plus tard. « À vouloir travailler dans leur coin, nos autorités politiques se coupent toujours plus des réalités. Plus grave : elles suscitent la défiance. Et une fois la confiance rompue, la reconstruire prend du temps. Vous refaites appel à un plombier qui vous a grugé ? », lance Philippe Devos.
« Les corps intermédiaires ne sont pas des obstacles »
Tout en dénonçant une méthode « à bout de souffle », Unessa assure vouloir rester un acteur constructif. « Nous continuerons à prendre nos responsabilités et gardons la porte ouverte. Mais nous exigeons d’être traités comme des partenaires à part entière, et non comme des spectateurs passifs », insiste son directeur général.
Et de conclure sur un avertissement : « Les corps intermédiaires, comme les fédérations sectorielles, ne sont pas des obstacles mais des leviers démocratiques. Les exclure, c’est prendre le risque de décisions inefficaces et clivantes. Nous voulons des réformes, mais pas à n’importe quel prix ni n’importe comment. »