Formation continue médicale

Réforme des métiers infirmiers

Les maisons de repos face à un tournant organisationnel

 Le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters, assure que la transition sera encadrée et vise à renforcer l’attractivité du secteur. L’opposition est sceptique, et redoute à la fois une complexification de la gestion et une pénurie accrue de personnel.

Une infirmière avec une personne âgée

La réforme en cours des métiers infirmiers s’inscrit dans un cadre européen plus large. D’ici mars 2026, les États membres devront transposer la directive 2024/782, qui actualise les conditions minimales de formation et garantit la reconnaissance automatique des diplômes entre pays de l’Union.

En Belgique, cette évolution s’accompagne d’une révision fédérale de la loi sur l’exercice des professions de santé (LEPS), qui établit désormais une hiérarchie claire des qualifications : du niveau 4 (aide-soignant) au niveau 8 (infirmier chercheur clinicien).

En Fédération Wallonie-Bruxelles, la réforme se traduit concrètement par la suppression progressive du brevet d’infirmier hospitalier A2, jugé peu lisible et en perte d’attractivité. Il sera remplacé, dès la rentrée 2026–2027, par un brevet d’enseignement supérieur (BES) d’assistant en soins infirmiers (ASI) organisé dans l’enseignement pour adultes.

Calendrier prévisionnel de la réforme infirmière en Wallonie

2026–2027 :
lancement du brevet d’enseignement supérieur (BES) d’assistant en soins infirmiers dans l’enseignement pour adultes.
2029 : extinction progressive du brevet A2 d’infirmier hospitalier.
Dès 2026 : mise en place par l’Aviq d’un groupe de travail pour adapter les normes de personnel.
À l’horizon 2030 : première évaluation de l’impact dans les structures d’hébergement et de soins.

Un impact direct

Les maisons de repos et de soins (MRS) figurent parmi les premiers employeurs d’infirmiers brevetés A2 en Wallonie. La disparition progressive de ce diplôme suscite l’inquiétude dans un secteur déjà sous tension. D’autant plus que les compétences des ASI ne couvriront pas l’ensemble des actes infirmiers actuellement réalisés par les A2.

Cette évolution impose une reconfiguration complète des organigrammes : la présence d’une infirmière coordinatrice deviendra indispensable pour encadrer les futurs ASI et garantir la continuité clinique. Les aides-soignants, de leur côté, verront leur rôle renforcé dans les soins de base et l’accompagnement quotidien.

L’Aviq mettra en place un groupe de travail chargé de redéfinir les normes de personnel et les responsabilités respectives de chaque catégorie : infirmiers bacheliers, assistants en soins infirmiers et aides-soignants.

Mais pour plusieurs parlementaires, cette redistribution du travail pourrait fragiliser les établissements. La députée wallonne Rachida Aït Alouha (PTB), par ailleurs infirmière en maison de repos, a pointé le risque d’une surcharge de responsabilité pour les infirmières coordinatrices, parfois seules à superviser tout un bâtiment. « Ce ne sont pas des bras en plus, mais des bras à la place des infirmières brevetées », dénonce-t-elle, redoutant une aggravation de la pénurie et une détérioration des conditions de travail.

Jean-Pierre Lepine (PS) a également exprimé sa crainte de voir la réforme « plonger nos centres de soins, maisons de repos et maisons de repos et de soins dans de graves difficultés d’organisation », faute de personnel suffisant pour assurer les actes infirmiers nécessaires.

Attractivité ou désintérêt ?

Pour le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters, la réforme doit avant tout servir à rendre les carrières infirmières plus attractives. Le nouveau dispositif, basé sur un parcours modulaire, permettra à chaque professionnel d’évoluer par étapes : « Un aide-soignant pourra devenir assistant en soins infirmiers en deux ans, et un ASI pourra accéder ensuite au bachelier infirmier responsable de soins généraux en deux ans supplémentaires », précise le ministre.

Cette flexibilité vise à réduire le délai d’entrée sur le marché du travail, tout en offrant des perspectives de progression aujourd’hui limitées pour les détenteurs du brevet A2. En théorie, la mesure devrait aussi faciliter les reconversions et fidéliser le personnel en poste grâce à un parcours continu allant du niveau 4 au niveau 6.

Là aussi, l’opposition de gauche est dubitative. Les députés PS et PTB ont exprimé la crainte que ce nouveau statut intermédiaire ne décourage les vocations. Les futurs assistants en soins infirmiers risquent, selon eux, de se retrouver dans une position ambiguë : responsabilités accrues, mais rémunération et reconnaissance moindres.

Face à ces inquiétudes, Yves Coppieters a tenu à rassurer. Il affirme que « les infirmiers brevetés actuellement en poste conservent l’ensemble de leurs droits acquis » et qu’aucune disposition ne remet en cause leur statut ni leurs compétences. « Cette réorganisation vise à structurer durablement les parcours de formation en soins infirmiers et à mieux répondre aux besoins de santé de la population », insiste-t-il.

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Écrit par Laurent Zanella10 octobre 2025

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