L’absentéisme en MRS
Un cercle vicieux difficile à briser
En Wallonie, l’absentéisme dans les maisons de repos et de soins (MRS) atteint un niveau critique. Pour pallier les manques, certaines directions prolongent les horaires jusqu’à douze heures par jour, une solution jugée risquée. Interpellé au Parlement, le ministre Yves Coppieters promet une stratégie structurelle, mais prévient : sans moyens et sans attractivité renforcée, les normes de personnel resteront difficiles à respecter.

Dans une récente question écrite, la députée Rachida Ait Alouha (PTB) a interpellé le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters, concernant l’augmentation de l’absentésime dans les MRS wallonne. « Ce phénomène, déjà préoccupant avant la crise sanitaire, s’est aggravé, fragilisant encore davantage des équipes déjà à bout de souffle », estime la députée.
Face au manque de personnel, certaines directions testent des journées de dix à douze heures. « Sur papier, cela peut sembler une solution pragmatique pour pallier le manque de personnel », note Rachida Ait Alouha, qui pointe les limites. « Travailler plus de huit heures dans le secteur des soins, ce n’est pas anodin : c’est une concentration qui chute, un risque d’erreur qui augmente, un épuisement qui s’installe plus rapidement. »
Pour l’élue du PTB, le remède risque de devenir pire que le mal. « Lorsqu’un travailleur tombe malade ou est absent, il ne s’agit plus de remplacer huit heures de travail, mais parfois 10 ou plus, aggravant la surcharge pour les collègues présents. À terme, ces pratiques ne risquent-elles pas d’aggraver l’absentéisme au lieu de le résoudre ? »
« Une révision sans moyens serait contre-productive »
Dans sa réplique du 21 août, Yves Coppieters admet la gravité du problème tout en rappelant les limites de ses compétences (cela dépend davantage des compétences du SPF Emploi): « L’absentéisme est présent dans tous les secteurs du soin, ce qui n’enlève en rien la gravité du phénomène décrit par votre questionnement. Comme je l’ai déjà exprimé plusieurs fois, en réponse à la crise du personnel dans les soins, des mesures structurelles vont être proposées. »
L’Aviq travaille à une stratégie de long terme « visant à garantir un continuum des soins de longue durée à la population wallonne », avec quatre axes, dont un sur la crise de la force de travail. Objectif : disposer d’un monitoring par métier et « élaborer un plan d’action visant l’attractivité et la rétention dans ces métiers ».
Le ministre reconnaît que les normes de personnel « ne sont plus en adéquation avec le profil des résidents ». Mais une révision sans moyens serait contre-productive : « Une augmentation des normes sans mesures transitoires et sans un travail de fond pour recruter et retenir le personnel aurait un effet contre-productif. »
En attendant, l’Aviq permet le recours à « du personnel infirmier intérimaire, indépendant, et venant du secteur type CSD » pour combler les absences. Au-delà des moyens financiers, d’autres facteurs sont jugés déterminants pour retenir le personnel : « le management participatif, la responsabilisation collective et la mise en place de réunions pluridisciplinaires régulières et concertées. »