Les centres de prise en charge des violences sexuelles victimes de leur succès

Le dispositif des centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles (CPVS) est salué par tous les partis. Mais sur le terrain, le personnel s’épuise et les moyens stagnent. En commissions parlementaire santé de la Chambre, la majorité comme l’opposition demandent au ministre Vandenbroucke des mesures concrètes.
À la Chambre, lors de la commission Santé du 24 juin, plusieurs députées – Nawal Farih (cd&v), Irina De Knop (Open VLD) et Kathleen Depoorter (N-VA) – ont uni leurs voix pour alerter sur la situation préoccupante de ces centres.
Si le dispositif, qui combine prise en charge médicale, psychologique et médico-légale dans un même lieu, fait l’objet d’un large consensus politique, sa pérennité est aujourd’hui mise en cause. Le succès du modèle est tel que les équipes sur le terrain se retrouvent débordées. À Bruxelles, Liège ou Gand, les délais s’allongent, les psychologues s’épuisent, et le manque de personnel met en péril la qualité du suivi.
« Nous avons prouvé que ça fonctionne. Mais maintenant, on ne peut plus gérer un tel flux de victimes sans moyens supplémentaires »
« Nous avons prouvé que ça fonctionne. Mais maintenant, on ne peut plus gérer un tel flux de victimes sans moyens supplémentaires », a plaidé Irina De Knop. Nawal Farih a souligné la nécessité d’ancrer ces centres dans le long terme, au-delà des financements expérimentaux ou ponctuels. Kathleen Depoorter (photo) est allée plus loin, dénonçant un « manque de vision structurelle » et une coordination lacunaire entre les niveaux de pouvoir. Elle réclame également un ancrage juridique clair pour les centres, afin de garantir leur statut dans le paysage hospitalier et judiciaire.
Vandenbroucke tente de rassurer
Face à ces critiques, le ministre Frank Vandenbroucke a tenté de rassurer, en rappelant l’engagement du gouvernement à poursuivre le développement du réseau. Neuf centres sont aujourd’hui opérationnels. Un dixième est en projet à Mons. Mais, a-t-il précisé, son ouverture dépendra « des arbitrages budgétaires du prochain contrôle ». Le processus prévoit finalement 27,1 millions d'euros pour 13 centres opérationnels.
Le ministre a insisté sur l’approche interdisciplinaire des centres, un modèle salué à l’international. Il admet cependant que les ressources humaines sont sous tension et que « les équipes ont atteint leurs limites ». Il n’a pas exclu de revoir le cadre juridique et structurel du dispositif, mais sans engagement ferme sur les moyens.
Les victimes de violences sexuelles non aiguës peuvent déjà se rendre aujourd'hui dans un centre de soins pour un premier entretien et seront orientées par le personnel de manière ciblée vers d'autres organisations de soins et d'aide.
Le succès du modèle est indéniable. Mais sans financement stable et personnel suffisant, il risque de devenir… victime de lui-même, résument les intervenants.