Violences envers les médecins généralistes : besoins et pistes de prévention

24 juin 2025 - Une étude qualitative par focus group menée auprès de médecins généralistes en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Ces dernières années, le sentiment d’insécurité augmente en Belgique et le secteur de la médecine générale n’est pas épargné. Plus de deux tiers des médecins généralistes européens rapportent s’être faits agresser au cours de leur carrière.

Introduction

Ces agressions ont un impact significatif sur les victimes, mais également sur leur pratique et sur la relation médecin-patient·e. Les médecins généralistes étant à la base du système des soins de santé, la prévention de ces violences est primordiale et cette problématique relève de la santé publique. Malgré plusieurs études belges et internationales mettant en lumière le sujet, il n'existe aucune guideline evidence based de moyens de prévention efficaces des violences faites aux médecins généralistes. L’objectif de ce TFE est de comprendre les besoins et les ressources des médecins généralistes pour prévenir et faire face à ces violences. Un guide pratique à destination des médecins généralistes a pu être créé grâce à toutes les pistes recueillies. Celui-ci a pour vocation de leur donner des outils pour prévenir et faire face à ces violences.

Méthodologie

L’étude menée est une recherche qualitative par focus group et analyse thématique des verbatims, réalisée auprès de 28 médecins généralistes belges francophones répartis en quatre groupes. Les verbatims ont été ensuite conceptualisés sous forme de métaphore. La consultation est représentée comme une croisière à la voile, chaque niveau de prévention représentant une étape de celle-ci.

Résultats

Premièrement, les mesures permettant d’éviter l’apparition de violence ont été décrites. Désamorcer un conflit avant le passage à l’acte de violence apparaît essentiel et le plus efficace. Des mesures à l’échelle des patient·e·s, des médecins, de l’environnement de travail et de la société ont été relevées.

La discussion post-agression est capitale. Consigner l’incident en interne et par la plainte ont également leur utilité.

Dans un deuxième temps, les techniques de gestion de ces situations ont été abordées. L’importance d’une bonne communication, la priorité de sa propre sécurité ainsi que l’appel à un tiers ont été soulignés. L’expérience de pratique est considérée comme un atout. Enfin, la discussion post-agression est capitale pour se sentir entendu·e· et pour pouvoir prendre des décisions individuelles et structurelles. Consigner l’incident en interne et par la plainte ont également leur utilité dans ce cadre. Les différents mécanismes de défense des médecins ont également été explorés.      

Conclusion

Des pistes existent pour prévenir et gérer, ainsi que pour minimiser, les conséquences d’une situation de violence. Cependant, elles ne sont pas toutes réalisables, et les besoins des médecins généralistes peuvent diverger des théories avancées.

De nouvelles pistes ont été mises en exergue dans ce travail. Il serait pertinent de les mettre en œuvre et de mesurer leur efficacité par le biais d’une recherche-action. De plus, il existe un manque de données concernant le nombre de médecins généralistes victimes d’agressions en Belgique. Il est capital d’obtenir ces chiffres via une étude quantitative à l’échelle nationale afin d’interpeller les politiques sur le sujet.        

Promotrice : Dre Véronique Letocart          

Lire le TFE de Céline Vinel en intégralité

Qui êtes-vous, Docteure
Céline Vinel ?

J'aime le côté holistique de notre pratique, le fait d'accompagner les personnes dans leur santé par le biais du modèle biopsychosocial. J'affectionne également de pratiquer une médecine de proximité que je retrouve dans mon milieu de travail actuel. J’ai vraiment eu un coup de cœur pour la médecine générale, qui me ressemble davantage que la médecine hospitalière que je trouve très segmentée. C’est une médecine centrée sur la personne, où le lien prime, tout en étant une pratique globale et intégrée. J’aime rencontrer les patient·e·s au sein de leur environnement, assurer leur suivi et développer une réelle relation de soins. Je suis actuellement en remplacement dans la province de Namur. Pour une Bruxelloise de souche, cela peut étonner ! J’ai quitté la capitale afin d’étoffer ma pratique par une expérience dans un environnement semi-rural, et cela m’a tellement plu... que j’y suis restée. 

Je travaille avec l’association 'Espace.P' qui accompagne les travailleur·euse·s du sexe. En tant que médecin, je m’occupe du volet préventif et thérapeutique de la santé sexuelle des bénéficiaires. J'apprends beaucoup en travaillant dans ce milieu méconnu, et je trouve cela important de rendre la médecine accessible aux personnes qui échappent au système de soins de santé. J’ai effectué ma première année d’assistanat dans une pratique de groupe à Schaerbeek, j'ai ensuite travaillé dans une maison médicale au forfait dans les Marolles. J’avais à cœur d’expérimenter des lieux de stage diversifiés tant par l'environnement que par le type de pratique et la patientèle, et cela a été très enrichissant. 

« J’ai quitté la capitale afin d’étoffer ma pratique par une expérience dans un environnement semi-rural, et cela m’a tellement plu... que j’y suis restée. »

Je ne m’imaginais pas médecin généraliste en débutant mon bachelier. En revanche, mon parcours m'a amené à ce choix, qui correspond à ce que je recherchais... à l'exception de la charge administrative, parfois écrasante et superflue ! Je déplore l'état de nos soins de santé et le manque de valorisation des métiers de soignants au niveau sociétal et politique. Je trouve que les décisions prises ne sont pas toujours en accord avec la réalité de terrain. L'éducation et les soins de santé sont indispensables à une société saine, mais ne sont pas suffisamment soutenus par notre gouvernement. La prévention prendra une place plus angulaire dans la médecine générale : pour moi, elle n'est pas suffisamment valorisée par rapport à la médecine curative, alors qu'il me paraît tout aussi important d'éduquer les patient·e·s à leur santé. La médecine environnementale doit elle aussi être développée pour faire face aux défis auxquels nous nous heurtons aujourd'hui. Je suis également convaincue qu'une meilleure communication interdisciplinaire avec nos collègues hospitaliers et les autres acteur·ices de soins de santé nous permettrait d'améliorer la prise en charge des patient·e·s.

J'ai comme projet de donner un cours aux étudiant·e·s de médecine en lien avec mon TFE, ce qui me tient à coeur étant donné le manque de formation sur le sujet. Je souhaite continuer à m'impliquer dans des projets préventifs tels que 'Espace.P'. Plusieurs qualités me semblent essentielles pour un médecin généraliste: la bienveillance, l'empathie et l'écoute de l'autre sont très importantes pour pouvoir entendre la personne au-delà de sa plainte et déceler ses réels besoins. Par ailleurs, je trouve important d'avoir la capacité de se remettre en question, et de garder une curiosité tant dans la relation médecin-patient qu'au niveau scientifique. Après mes années d'assistanat, j'ai pu renouer avec la lecture, une passion depuis toute petite. J'apprécie également de me retrouver dans la nature, que ce soit pour y randonner, m'émerveiller ou prendre des photos. Enfin, j'ai une pratique sportive qui me permet de trouver un équilibre.