Infectiologie

Au CHU de Liège

La "chimiluminescence" pour détecter au plus vite légionellose et pneumocoque

Une nouvelle méthode diagnostique, basée sur la chimiluminescence, est désormais disponible au CHU de Liège pour les infections respiratoires telles que la légionellose et le pneumocoque. Elle permet, par la lumière, de doser rapidement les antigènes urinaires associés à ces deux agents infectieux. Une première belge.

Dépistage renforcé

La chimiquoi ? La "chimiluminescence" est une technique de laboratoire qui permet une détection très sensible : une réaction chimique produit de la lumière, qui permet d'identifier et de mesurer la présence d’antigènes ou d'anticorps. C'est ce principe qui produit une lumière par fluorescence dans les fins tubes jouets pour enfants ou bracelets qui deviennent fluo quand on les "craque" que l'on vend lors d'événements nocturnes.

Le CHU de Liège annonce la mise en place de cette nouvelle méthode diagnostique pour doser rapidement les antigènes urinaires de Legionella pneumophila (légionellose) et de Streptococcus pneumoniae (pneumocoque).

Les avantages de la chimiluminescence sont multiples: détecter davantage d'infections, et notamment en élargissant la couverture des sérogroupes et sérotypes recherchés, mais aussi les confirmer plus rapidement pour pouvoir lancer le traitement adéquat au plus vite.

Une primeur en Belgique

pneumocoque dépistage par CLIA
Pneumocoque © NFID

Une première en Belgique, grâce au Pr Marie-Pierre Hayette et au Dr Pablo Beckers et son équipe.

"Cette amélioration va renforcer le diagnostic des infections respiratoires - pathologies fréquentes et parfois graves -, nécessitant une identification rapide de l’agent infectieux", souligne, dans un communiqué, le CHU de Liège, qui se réjouit de "confirmer ainsi son rôle de centre hospitalier universitaire pionnier en matière de diagnostic médical et d’amélioration continue de la qualité des soins."

Chimiluminescence de type "sandwich"

Comment cela fonctionne-t-il, concrètement? La méthode se base sur un échantillon d'urine du patient.

Dr Beckers CHU Liège
Le Dr Pablo Beckers

"La méthode pour la détection de l’antigène de Legionella pneumophila ou de l’antigène Streptococcus pneumoniae est un dosage immunologique direct par chimiluminescence (CLIA) de type sandwich", précise le Dr Pablo Beckers, du service de microbiologie clinique et responsable du laboratoire de sérologie infectieuse du CHU de Liège. Il nous explique le principe du "sandwich" :

  • 1) Un anticorps de capture est fixé sur une surface solide (par ex., des billes magnétiques);
  • 2) L’antigène de l’échantillon se fixe sur cet anticorps;
  • 3) Un second anticorps marqué (anticorps de détection), dirigé contre un autre épitope de l’antigène, vient se lier → formation d’un "sandwich" : anticorps de capture – antigène – anticorps marqué;
  • 4) Le marqueur est une enzyme capable de générer une réaction chimiluminescente (émission de lumière);
  • 5) L’intensité de la lumière émise est proportionnelle à la quantité d’antigène présent, et donc de pathogène présent.

À la place des tests "ICT" (style covid)

Les tests généralement utilisés par les labos en routine pour ce genre de détection sont des tests de type « ICT » (ImmunoChromatographic Test) ou tests rapides. Ils sont semblables aux tests covid vendus aux patients en pharmacie, dotés d'une bandelette réactive qui change de couleur quand l’antigène est présent (ou l'hormone hCG dans les tests de grossesse).

"La lecture du test dépend de l’utilisateur, qui peut estimer s’il y a ou non un changement de couleur +/-présent", poursuit le spécialiste. "Ces tests sont intrinsèquement moins sensibles et utilisateur-dépendant, certains lecteurs pouvant estimer que la bande est présente, alors qu'un autre lecteur pourrait estimer que non."

Cela ne disqualifie pas les ICT, qui fonctionnent néanmoins globalement bien, mais la nouvelle méthode par CLIA est plus sensible et donc moins utilisateur-dépendante.

Spectre plus large

"De plus, le spectre de détection, les « sérotypes » et « sérogroupes » des pathogènes sont plus étroits dans les ICT. C’est-à-dire que Legionella pneumophila et Streptococcus pneumoniae ne sont pas réellement chacun une seule entité, mais des « familles » divisées en « groupes » et en « types » différents.  Les ICT réagissent à moins de groupes différents de Légionelle et de Pneumocoque, ce qui veut dire qu’ils vont être négatifs là où le CLIA sera positif. Un peu comme s’ils détectaient certains variants du covid et pas d’autres."

Résultat en 2 heures

Les analyses par CLIA livrent leur réponse dans les 2 heures à partir du moment où l’échantillon est au laboratoire et ce, 7 jours sur 7 et 24h sur 24 "en raison de leur impact clinique significatif dans la prise en charge des pneumonies communautaires", souligne encore le Dr Beckers.

Le test peut être prescrit par tous les généralistes et spécialistes
(en s’appuyant sur la clinique).

"D’autres laboratoires pour lesquels les ICT seraient négatifs, mais qui auraient une forte suspicion clinique, peuvent aussi nous envoyer leurs échantillons pour confirmation. Il n’y a pas de restriction sur les patients qui peuvent en bénéficier, mais comme tous tests de laboratoire, ils reposent avant tout sur l’intérêt clinique estimé par le clinicien spécialiste ou généraliste en fonction de l’état de santé du patient."

LIRE PAR AILLEURS : Légionellose: 108 cas à New York, quelle est la situation en Wallonie ?

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Écrit par Cécile Vrayenne21 août 2025
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