Des ministres européens font tester leur sang au niveau des PFAS
Plusieurs ministres européens de l’Environnement ont fait analyser leur sang la semaine dernière dans le cadre d’une campagne de sensibilisation sur les « produits chimiques éternels ». L’objectif était de souligner l’inquiétante propagation de ces substances.

« J’espère que cela permettra d’attirer l’attention sur le problème. Les produits chimiques éternels, dont les PFAS, posent de graves problèmes pour notre santé et notre environnement. Nous devons envisager sérieusement d’interdire les PFAS dans les produits du quotidien utilisés dans l’Union européenne », a déclaré le ministre danois de l’Environnement Magnus Heunicke au média Politico. « Je m’attends à ce qu’on trouve des PFAS dans mon sang, comme dans celui de mes collègues. Mais ce qui m’intéresse, c’est la quantité et le type de PFAS présents. »
La campagne a été organisée par le Danemark lors d’une réunion des ministres européens de l’Environnement dans la ville d’Aalborg, au nord du pays. Le Danemark assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l’UE. Parmi les ministres invités à se faire tester, environ 20 % ont accepté, dont les ministres de France, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Hongrie, ainsi que la commissaire européenne à l’Environnement Jessika Roswall. Les résultats des analyses sanguines seront rendus publics à la fin de l’été.
Poêles, imperméables et mousses anti-incendie
Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont des composés chimiques qui se dégradent très difficilement et s’accumulent dans l’environnement et les organismes vivants. On les retrouve quasiment partout, y compris en faibles concentrations dans les aliments et l’eau potable. L’industrie les utilise notamment dans la fabrication de poêles, d’imperméables et de mousses anti-incendie.
Des études antérieures ont montré que ces substances pouvaient affecter la reproduction et le développement du fœtus. Certaines variantes de PFAS sont également susceptibles d’influer sur le cholestérol sanguin, de provoquer des atteintes hépatiques ainsi que des cancers du rein et des testicules.
Une étude récente aux Pays-Bas a révélé que presque toute la population présentait des PFAS dans le sang, et souvent à des concentrations trop élevées, dépassant les seuils médicaux considérés comme sûrs.
Le Danemark fait partie des cinq pays qui ont soumis en 2023 à la Commission européenne une proposition commune visant à interdire des milliers de substances PFAS. Cette proposition, actuellement examinée par l’Agence européenne des produits chimiques, fait toutefois l’objet de vives critiques de la part de plusieurs groupes industriels.