Les urgentistes redoutent les conséquences de la grève médicale sur les services d’urgence
« Notre capacité de résistance a des limites »
L’Association professionnelle des médecins urgentistes (Becep) craint que les services d’urgence ne soient submergés le 7 juillet, jour de la grève des médecins, par des patients refusés ailleurs. « C’est nous qui encaissons les coups, alors que nous ne pouvons jamais demander de suppléments et sommes conventionnés », déclare l’association.
Filip Ceulemans
La Becep aborde la grève du 7 juillet avec une certaine appréhension, car la pression sur les services d’urgence sera à nouveau très forte. « Il est amer de constater que ce sont justement les médecins qui travaillent toujours aux tarifs de la convention et à qui il est interdit de facturer des suppléments, qui sont aujourd’hui censés garantir la continuité des soins pour des patients que leurs collègues grévistes ne peuvent prendre en charge, parce que ces derniers protestent contre la limitation des suppléments », déplore l’association.
L’Association des urgentistes comprend les raisons de la grève, dirigée contre les décisions du ministre des Affaires sociales et de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit). « Lorsqu’un ministre de la Santé juge bon de parler, à la manière de Trump, de “médecins avides d’argent”, cela ne touche pas seulement les grévistes, mais aussi nous – les urgentistes, disponibles jour et nuit, sans jamais avoir demandé de suppléments », explique-t-elle. « Le ton employé par le ministre relève davantage de la campagne de dénigrement que d’une politique de santé. »

Une caricature trompeuse
La Becep déplore également que l’on explique trop peu que les suppléments d’honoraires ne vont pas uniquement aux médecins, mais qu’une part importante revient aux hôpitaux, structurellement sous-financés. « La caricature du médecin individuel qui s’enrichit grâce aux suppléments ne tient pas la route dans la réalité du financement hospitalier en 2025. »
L’association alerte sur les conséquences potentielles d’une surcharge annoncée des services d’urgence et appelle à plus de transparence et de reconnaissance. « À chaque fois, les urgences doivent pallier des soins différés ou bloqués. Nous le faisons par devoir, mais il faut comprendre que notre capacité de résistance a aussi ses limites. »
La Becep appelle les autorités, les médias et les directions hospitalières à ne pas se focaliser uniquement sur le conflit autour des suppléments, mais à s’intéresser aussi aux faiblesses structurelles du financement des soins aigus. Les urgentistes souhaitent que ce moment soit l’occasion de réorienter le débat vers une vision partagée d’un système de santé durable et équitable. « Avec du respect pour tous les médecins, y compris ceux qui sont disponibles jour et nuit », concluent-ils.