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European Congress on Obesity (ECO)

La 32e édition de l’ECO (European Congress on Obesity) faisait (logiquement) la part belle aux nouvelles études portant sur les analogues du GLP-1 dans le traitement de l’obésité. Associé à ses conséquences diverses sur la santé, le caractère chronique et multifactoriel de cette pathologie s’est également traduit par des exposés plus variés, ouvrant la voie à des pistes intéressantes tant en termes de santé publique que de mécanismes physiopathologiques.

Le jeûne intermittent 5:2, très prometteur dans la MASH

jeûne intermittent
© Getty Images

STÉATOSE HÉPATIQUE - Pour rappel, la notion de MASH (stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique) a remplacé celle de NASH (stéatohépatite non alcoolique). Cette maladie multiorganique est loin d’être anecdotique, concernant 4 à 6 % de la population mondiale selon les sources. Au départ de la stéatose hépatique, l’évolution peut aller de la fibrose au cancer hépatique en passant par la cirrhose.

Le MASH peut être traité notamment par le resmetirom, un agoniste oral du THR-β approuvé aux États-Unis mais pas (encore) en Europe, et par les analogues du GLP-1 qui agissent via une réduction de l’adiposité systémique. Cependant, le taux de réponse du resmeritrom n’est que d’environ 30 % chez les patients MASH au stade de la fibrose, et des patients sous analogues du GLP-1 peuvent interrompre leur traitement à cause d’effets indésirables tels que les nausées. Ces limitations thérapeutiques incitent à rechercher des alternatives, y compris sur le plan alimentaire.

L’équipe de chercheurs réunis autour du Pr Mathias Heikenwälder (Centre allemand de recherche sur le cancer à Heidelberg et Centre de recherche M3 à Tübingen) a testé le jeûne intermittent [1] dans un modèle MASH de souris. Cette méthode a donné des preuves de son efficacité contre les maladies métaboliques en général, comme l’a montré notamment l’étude de Longo et al en 2021 [2].

Un impact sur le risque de cancer du foie

Le principe du jeûne intermittent testé et appelé 5:2 consistait à imposer un jeûne le lundi et le jeudi à des souris et à vérifier leur évolution après 32 semaines. Un point particulier a surpris les chercheurs : les souris étaient hyperphagiques à la fin de chaque journée de jeûne, mais le total de calories consommé par semaine était identique à celui consommé avant l’expérimentation.

Les résultats ont montré une perte pondérale et de tissu adipeux significative, tout comme une baisse du taux de cholestérol, de la glycémie à jeun et des enzymes hépatiques. Le foie avait également diminué de volume et la stéatose s’était améliorée, tout comme les signes inflammatoires locaux (dont le nombre de lymphocytes T). Les chercheurs ont également montré dans deux modèles de souris que le jeûne intermittent 5:2 pouvait freiner l’évolution du MASH vers l’hépatocarcinome. Au niveau moléculaire, ils ont observé l’implication particulière de deux voies de signalisation dans ces phénomènes au niveau des hépatocytes : les voies PPAR α et PCK1, qui sont régulées à la baisse dans le MASH.

Vers un jeûne intermittent moins strict chez l’humain

La recherche menée par l’équipe de Mathias Heikenwälder au cours des deux dernières années sur le jeûne intermittent a montré que chaque phase de jeûne doit durer au moins 12 heures pour être efficace (ce qui correspond plus ou moins au temps nécessaire pour que le stock hépatique de glycogène soit épuisé).

Les résultats ont montré une baisse du taux de cholestérol, de la glycémie à jeun et des enzymes hépatiques. Le foie avait diminué de volume et la stéatose s’était améliorée.

Une étude clinique multicentrique est en cours, incluant des patients MASH. Elle est destinée à tester le jeûne intermittent 5:2 allégé, qui permet une consommation d’environ 300 à 400 kcal au cours des 16 heures de chacune des deux journées hebdomadaires de ce jeûne relatif. Les résultats à venir seront certainement intéressants, et à mettre en parallèle avec l’étude clinique de phase III qui porte sur le lanifibranor, un agoniste PPAR α, β et ϒ.

Références :
[1] Intermittent fasting in liver disease : MASH and MASHLD-associated liver cancer. Mathias Heikenwälder, ECO 2025
[2] Longo VD et al. Intermittent and periodic fasting, longevity and disease. Nat Aging. 2021 Jan;1(1):47-59. doi: 10.1038/s43587-020-00013-3

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Écrit par Dr Claude Leroy

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