Chez l’enfant, 5 minutes de publicité alimentaire équivalent à... 130 kcal de plus dans l’estomac

COMPORTEMENT - C’est à cette équation simple qu’on peut résumer les résultats d’une étude présentée lors de l’European Congress on Obesity (ECO)...
On savait déjà que la publicité pour des aliments riches (AR) en graisses saturées, en sucre ou en sel augmente significativement la consommation immédiate des enfants [1], et cet effet peut persister jusqu’au repas suivant y compris[2]. Jusqu’ici, les études s’étaient concentrées sur la publicité dans les médias audiovisuels, et on sait peu de choses sur l’impact d’autres formes, comme les publicités audio (par exemple via un podcast) ou portant uniquement sur la marque du produit.
L’étude présentée à l’ECO [3] visait à quantifier l’impact de l’exposition à des publicités pour des AR sur la consommation des enfants, en comparaison avec celles pour des produits non alimentaires, et à évaluer si cet impact variait notamment en fonction du contenu de la publicité (marque uniquement versus produit) et du type de média (audiovisuel, visuel, audio ou statique).
Cette étude randomisée et croisée a été menée dans des écoles du Royaume-Uni ; 240 enfants âgés entre 7 et 15 ans ont été exposés pendant cinq minutes à des publicités pour des AR et des produits non alimentaires axées soit sur le produit, soit sur la marque uniquement, et au travers de l’un des quatre grands types de médias. La consommation à volonté d’aliments en collations et au dîner a été mesurée ensuite. Les chercheurs ont tenu compte du statut socio-économique de la famille dans leur analyse.
Une preuve de l’effet des marques
Après l’exposition aux publicités alimentaires versus non alimentaires, les enfants ont consommé significativement (p < 0,001) plus de collations (+ 58,73 kcal) et plus d’aliments au dîner (+ 72,93 kcal), soit un total de 129,60 kcal en moyenne. L’impact majeur provenait des publicités portant sur un produit spécifique (+ 94,9 kcal ; p < 0,001), mais les publicités ne mentionnant que la marque jouaient également un rôle non négligeable (+29,72 kcal ; p = 0,028). Il s’agissait de la première étude randomisée montrant l’effet de ces dernières.
Après exposition aux pubs alimentaires (vs non alimentaires), les enfants ont consommé plus de collations et plus d’aliments au dîner
Ni le type de média ni le statut socio-économique familial n’ont influencé les effets sur la consommation. Par contre, les enfants ayant un IMC plus élevé ont montré une plus grande réactivité aux publicités alimentaires, consommant 13,6 kcal supplémentaires par augmentation d’un point de l’IMC. Il reste à voir dans quelle mesure ces observations auront des implications sur la conception de politiques encadrant le marketing alimentaire en Europe et dans le monde.
Références :
[1] Boyland et al. JAMA Pediatrics. doi: 10.1001/jamapediatrics.2022.1037
[2] Norman et al. International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity. doi: 10.1186/s12966-018-0672-6
[3] The impact of food advertising on children’s immediate and later food intake: do media type, advertisement content, and participant characteristics moderate these effects? A randomised control trial. Boyland Emma, ECO 2025
La 32e édition de l’ECO a (logiquement) fait la part belle aux nouvelles études portant sur les analogues du GLP-1 dans le traitement de l’obésité. Associé à ses conséquences diverses sur la santé, le caractère chronique et multifactoriel de cette pathologie s’est également traduit par des exposés plus variés, ouvrant la voie à des pistes intéressantes tant en termes de santé publique que de mécanismes physiopathologiques.
Lire par ailleurs : La biodiversité alimentaire, nouveau concept pour contrer la prise de poids et Le jeûne intermittent 5:2, très prometteur dans la MASH