« Assurer la solidité du navire »
Le samedi 18 octobre, dans les bureaux d'Amonis à Bruxelles, le GBO réunissait ses membres et proches partenaires (Inami, Absym, Modes, ASGB...) à l'occasion de ses 60 bougies.
© Cécile Vrayenne
« Nous avons besoin d’organisations syndicales qui ne se contentent pas de réagir, mais qui contribuent à l’élaboration des politiques. »
- Frank Vandenbroucke
« Au niveau régional, nous devons aller plus loin : les syndicats médicaux doivent avoir une place plus importante dans les organes de concertation. » - Yves Coppieters
La Dre Anne Gillet
« Assurer la solidité du navire »
Après un discours d’introduction par les Dr Lawrence Cuvelier, président du GBO, et une conférence sur la responsabilité sociale des médecins par la Dre Isabelle Dagneaux, médecin généraliste et philosophe, le Dr Raymond Gueibe, psychiatre, a livré une intervention captivante à propos de la transgression éthique. Au cours de celle-ci, il a enjoint les médecins à « oser dire non ! », devant deux ministres qui l’écoutaient, oreille tendue et sourire crispé.
C’est ensuite la Dre Anne Gillet, vice-présidente et présidente honoraire du GBO, qui est montée sur scène pour aborder le sujet de la santé mentale des mentale des médecins. « Si un médecin généraliste sur deux est en risque de burn-out, c’est bien le résultat de choix de société », rappelle-t-elle au nom du syndicat, avant de détailler les dynamiques politiques et structurelles en jeu. « C’est bien cela, au fond, le sens de notre travail syndical : prendre soin de celles et ceux qui prennent soin des autres. Individuellement : nous sommes régulièrement sollicités par nos membres, et même par de nombreux non-membres, pour des questions personnelles, souvent urgentes, parfois intimes. Et collectivement : car les professionnels de santé sont aujourd’hui sous pression, victimes des logiques budgétaires qui fragilisent notre système de soins. »
Et d’ensuite poser cette interrogation qui résonne comme une crainte de fond : « Comment rester disponibles aux différences, ouverts aux marginalités, attentifs aux fragilités, dans une société où règne de plus en plus la loi du plus fort, dans une société qui valorise de plus en plus la performance ? N’est-ce pas particulièrement là que se situe le cœur même du soin ? Être soignant, c’est précisément habiter un lieu où la fragilité est dite, visible, incarnée. Là où la société a tendance à reprocher les failles, le soin les accueille, les accompagne, et parfois les transforme. Ne pas abandonner ceux qui ‘n’avancent pas’, c’est une forme de résistance, elle aussi silencieuse, mais puissante, à la logique dominante. »
« Notre mission syndicale est donc claire : assurer la solidité du navire des soins qu’il conduit pour faire traverser au patient l’épreuve pathologique », conclut-elle alors, inspirée par les propos du Pr Bernard Hoerni, oncologue français. « Nous revendiquons une reconnaissance pleine et entière de l’utilité, en santé publique, de ce travail au service de celles et ceux qui soignent. Une reconnaissance portée par les pouvoirs publics, qui doivent être nos alliés dans la préservation de notre bien commun le plus précieux : la sécurité sociale et… de facto, ses soignants. Cette sécurité sociale qui, comme le rappelle Bruno Colmant, est ‘le patrimoine de ceux qui n’en ont pas’. »
Quelques mots ont encore été adressés au Dr Paul De Munck et au Dr Paul Vollemaere, qui ont décidé de réduire significativement leur engagement au sein du GBO. « Le temps passe, et l’âge impose ses lois. Mais vos convictions, elles, restent intactes. (…) Au nom de notre syndicat, je vous remercie sincèrement d’avoir consacré tant de temps et d’énergie à ce noble engagement. »
La Dre Anne Gillet a ensuite passé la parole aux deux ministres de la Santé, Frank Vandenbroucke et Yves Coppieters, devant un parterre de médecins impatients d’entendre leurs propositions pour faire alliance avec les généralistes et leurs syndicats.