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ETF : un peu, beaucoup, passionnément…

La scène financière américaine a, cet été, vécu un tournant à la fois symbolique et spectaculaire : les ETF ont, pour la première fois, dépassé en nombre les actions cotées en bourse. Le succès de ces fonds indiciels est considérable en Europe également. Pourquoi et comment ?

ETF argent économie
© GettyImages

C’est à la fin du mois d’août que la société d’analyse financière Morningstar a lancé l’information : à 4.300 environ, les ETF sont à présent plus nombreux à disposition des investisseurs américains que les entreprises cotées, au nombre de 4.200. Ce dernier chiffre, faut-il préciser, ne tient compte que des marchés  principaux et très actifs ; il existe aussi des marchés secondaires accueillant plusieurs dizaines de milliers de sociétés. Au niveau mondial, ces ETF se comptent même en dizaines de milliers. Leur valeur globale est, entre 2015 et 2024, passée en chiffres ronds de 3.000 à 14.000 milliards de dollars. Les souscriptions nouvelles ont explosé l’an dernier, dépassant 1.100 milliards de dollars aux États-Unis et atteignant près de 250 milliards d’euros de ce côté-ci de l’Atlantique, soit presque 70 % de plus que l’année précédente. Un succès phénoménal… et pas vraiment surprenant.

De rares champions

Apparu en 1990 en bourse de Toronto et trois ans plus tard seulement aux États-Unis, le principe de l’Exchange-Traded Fund (ETF = fonds coté en bourse) est simple : au lieu de passer son temps à analyser les entreprises pour retenir les meilleures actions, on copie simplement un indice, soit boursier, soit obligataire, soit éventuellement autre. L’ETF lancé en 1990 au Canada visait ainsi l’indice Standard & Poors 500, principal étalon de la bourse américaine. Aujourd’hui encore, 94 % des ETF concernent les actions et obligations, a calculé Morningstar. Le succès des fonds indiciels ne résulte donc pas d’un produit sous-jacent s’écartant résolument des sentiers battus. Les matières premières et autres investissements alternatifs ne sont ainsi visés que par 3 % des ETF.

Les deux arguments massues en leur faveur sont d’une simplicité biblique : c’est souvent mieux et ce n’est pas cher. Mieux ? Certains gestionnaires de fonds gérés activement ont signé des performances remarquables, parfois même plusieurs années d’affilée, c’est vrai. Ils ont fait mieux que le marché, c’est-à-dire qu’ils ont battu l’indice. Les nombreuses études réalisées sur le sujet démontrent toutefois qu’ils sont minoritaires, et même largement. Certaines (mauvaises) années, ces champions ne représentent que 20 % du total, voire moins encore. Circonstance aggravante : ils ne sont qu’une poignée à occuper les places d’honneur plusieurs années de suite. En un mot comme en cent, l’investisseur achetant ces fonds actifs a peu de chances de voir son placement performer mieux que la moyenne du marché, voire simplement de l’égaler.

Des coûts très différents

Et ceci alors qu’il a « payé pour » ! Un fonds actif, géré par une équipe d’analystes plus ou moins conséquente, suppose des coûts non négligeables. Il affiche dès lors des frais de gestion annuels généralement compris entre 1,5 et 2 %. Cela peut sembler assez léger, mais on ne saurait perdre de vue une sorte d’effet boule de neige qui peut finalement amputer la valeur des actifs de 20 %, ou même quelque 40 % après une vingtaine d’années ! Un ETF, qui se contente en principe de suivre un indice de manière passive, compte des frais annuels de gestion inférieurs à 0,5, voire 0,3 %... voire 0,1 % pour certains. Il est toutefois des exceptions, en particulier de la part des ETF… actifs, qui prélèvent plus volontiers 1 %. Des fonds passifs qui sont en réalité actifs ? Oui, c’est la grande tendance des toute dernières années. Il s’agit dans les grandes lignes de suivre un indice, mais de manière flexible, en l’arrangeant à sa façon. Pas possible d’entrer dans les détails ici ; on y reviendra.

Les deux arguments massues en faveur des ETF sont d’une simplicité biblique : c’est souvent mieux et ce n’est pas cher.

Désigné par l’acronyme TER (pour Total Expense Ratio), le total des frais permanents figure en bonne place sur la fiche présentant un fonds ou ETF. Notamment sur les sites des courtiers en ligne qui les proposent aux investisseurs. Ou sur des sites comparatifs tels que justETF.com.

Une précision : si l’ETF est souvent présenté en français comme fonds indiciel, en réalité, cette appellation passe à côté de ce qui est également essentiel dans leur succès : un ETF est coté en bourse, contrairement aux fonds et SICAV proposés par les banques. Traditionnellement, ces derniers ne sont disponibles qu’auprès de la banque émettrice et… à la valeur qui sera calculée le lendemain de l’ordre passé par le client. La cotation boursière d’un ETF constitue à cet égard un bond énorme en matière de transparence et d’accessibilité : l’investisseur dispose en permanence d’un cours, auquel il peut acheter sur-le-champ. Cerise sur le gâteau : les frais liés à l’achat d’une valeur en bourse sont inférieurs aux droits d’entrée comptés par les banques. Même si l’investisseur ne doit pas accepter les 3 % encore affichés par certaines ; comptez 2 % maximum !

Un peu des deux ?

Un autre élément joue en faveur des ETF : l’engouement du public et les actions de marketing par lesquelles les intermédiaires financiers en ligne veulent le capter. À la fin août, l’institution maltaise medirect a ainsi transformé sa promotion temporaire en situation permanente. Dorénavant, les transactions en ETF se réalisent sans frais de courtage. Ce tarif 0 % vaut sans restriction de montant ni de nombre d’opérations. Une petite révolution même si, faut-il souligner, le tarif était auparavant de 0,15 % à peine.

Morningstar est formel : des commissions moins élevées entraînent plus de chances de réaliser des performances supérieures.

Que penser finalement des ETF ? Morningstar est formel : ses bases de données indiquent clairement que des commissions moins élevées entraînent plus de chances de réaliser des performances supérieures. On l’imagine intuitivement et les chiffres le confirment donc ! Toutefois, souligne la société de services financiers, la gestion active a tendance à performer mieux que la gestion passive dans des marchés peu efficients ou très volatils. Cela s’observe aussi dans certains domaines spécifiques, comme les obligations en euros. Au total, Morningstar suggère l’usage d’ETF pour des positions plutôt larges et à long terme. On les agrémentera éventuellement de fonds actifs sur des créneaux plus spécifiques, a fortiori s’il n’existe pas vraiment d’indices les couvrant de manière satisfaisante.

Wall Street pas surévalué, mais…

Un nombre croissant de professionnels mettent en garde, ces dernières semaines, contre le niveau excessif des actions américaines. Ils visent tantôt Wall Street dans son ensemble, tantôt plus spécifiquement les valeurs technologiques, ou encore celles liées à l’intelligence artificielle. Le gestionnaire Waterloo AM est de ceux qui jugent que « le marché américain n’est pas surévalué », ainsi qu’il l’a déclaré lors de sa dernière conférence. Il présente une prime de risque (par rapport à un placement en obligations d’État) de 4,3 %, ce qui est très correct. Au point qu’il est même symboliquement sous-évalué de 1,8 %. Cela signifie cependant aussi que le marché américain ne présente aucun potentiel de rattrapage.

Le gestionnaire garde donc globalement sa confiance aux grandes valeurs américaines, en particulier face à la fragmentation du monde, aussi vrai qu’elles continuent à afficher d’excellents résultats. Pour l’ensemble de l’année 2025, les bénéfices sont attendus en croissance de 10,6 %, après +9,5 % en 2024 et une moyenne de +8,5 % sur 10 ans. Waterloo AM ne dénigre pas pour autant les actions européennes, au contraire. Leur valorisation est plus attrayante, avec un rapport cours-bénéfice de l’ordre de 15, contre 22 outre-Atlantique. Outre une forte baisse des taux à court terme et une politique budgétaire allemande enfin plus souple, il souligne encore un dérapage budgétaire moins grave qu’aux Etats-Unis.

Le gestionnaire rappelle par ailleurs que les marchés boursiers sont, dans l’ensemble, fort résilients face aux tourments du monde. L’attaque de Pearl Harbour, en décembre 1941, a entraîné une chute de Wall Street allant jusqu’à -20,3 % mais, un an plus tard, le marché était revenu dans le vert : +3,7 %. Le redressement fut deux fois plus rapide après l’invasion du Koweït par l’Irak en août 1990 : -17,5 % au plus bas et +13,7 % un an plus tard.

G.L.

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Geschreven door Guy Legrand23 september 2025

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